Quand boulot, passion, nutrition, préparation, performance, prévention et traitement ne font qu’un, cela donne un killer : le kinésithérapeute Marc Larronde !
Mais comment un si petit bonhomme, peut-il allier tous ces facteurs ?
Ce Basque au grand cœur, habitant Cambo les Bains, commence à se faire un nom dans le coin. Beaucoup le connaissent et l’apprécient, que ce soit en tant que pro avec son métier, ou dans le milieu du trail.
J’ai moi-même eu l’occasion de passer entre ses mains expertes, et je peux vous garantir que dans le domaine de la course à pied, il sait de quoi il parle. C’est un passionné perfectionniste dans son métier, mais également un excellent traileur, avec un très bon niveau.
Vous l’aurez compris la course à pied et le trail n’ont aucun secret pour lui. Pour les sceptiques, voici son pedigree :
- Masseur Kinésithérapeute diplômé de l’IFMK de Bordeaux en 2012
- Formation Nutrition et Micronutrition sportive en 2016
- Praticien certifié Active Plus 4U, méthode Intégrative Neuro Fonctionnelle Santé en 2017
- Diplôme Universitaire « Analyse, encadrement et optimisation de la performance en trail running » en 2019
- Expert en course à pied La Clinique Du Coureur en 2019 après avoir suivi une grande quantité de stage parlant de prévention, diagnostics, traitement, exercices thérapeutiques, principes et planification de l’entrainement…
Pour ceux qui ne connaissent pas la Clinique du coureur, qui est devenue un véritable exemple pour la prévention des blessures, vous allez en avoir un aperçu avec cet article. Marc a gentiment accepté de me donner son point vue, et donc celui de la Clinique de la course à pied, sur la bonne pratique de ce sport.
LPT : Bonjour Marc, merci de m’accorder un peu de ton temps pour cette ITW. Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
ML : Je m’appelle Marc LARRONDE, j’ai 30 ans, je mesure 1,66m pour 58 kg tout mouillé et plus beaucoup de cheveux !! LOL. J’habite à Cambo les Bains, ma ville natale, une petite commune au Pays basque, où je vis en couple avec ma compagne. C’est également dans ce village que j’exerce mon métier de kinésithérapeute depuis presque 8 ans désormais.
Je suis également membre de l’association Txapelketa (un classement, des coureurs du challenge regroupant les trails du Pays Basque Nord, à l’issu duquel les vainqueurs forment une sélection).
De plus, je fais partie d’une sélection sur les trails Basques (Il y aura un article prochainement sur le P’tit Trailer, pour vous présenter cette superbe initiative). Je suis le kiné de la team lors des déplacements de l’Iparraldeko Selekzioa (sélection Pays Basque nord).
Passionné de sports outdoor, en passant de l’océan jusqu’aux montagnes (randonnée, vtt, body surf, ski alpin etc..), de nutrition et de course à pied bien sûr !
LPT : Qu’est-ce que tu aimes dans la course à pied ?
ML : Ce qui me plait ; c’est la simplicité de cette pratique : un short, un t-shirt, une paire de chaussures et c’est parti ! Lorsque je cours, j’essaie d’éveiller tous mes sens et d’être en harmonie avec la Nature, d’être à son écoute : le bruit des cours d’eau, ressentir l’odeur des sorties printanières en forêt.
Être à l’écoute de son corps est aussi une donnée essentielle. Car être bien dans sa tête et bien dans son corps ; c’est être bien dans ses baskets et se sentir vivant !
LPT : Se sentir vivant c’est aussi grâce à la famille ?
ML : J’aime les choses simples de la vie, les ballades en montagne avec ma compagne, boire une bonne bière MicroMégas de beau papa, regarder un film sur mon canapé avec ma chérie, ou tout simplement préparer de bons petits plats maisons. Ensuite, la vie familiale est pour moi un élément essentiel dans mon équilibre quotidien, et j’y attache une grande importance !
Je vois la pratique du sport comme un pilier de la bonne santé et de mon bonheur quotidien, et j’ai la chance de partager tout ceci avec ma compagne !
LPT : Je connais ta modestie, mais tu es un excellent traileur, depuis quand pratiques-tu ?
ML : (rire) Je ne me considère pas comme un excellent traileur. Avant toutes choses, je cours pour mon plaisir. Mais si je mets un dossard, que la performance est au rendez-vous, alors c’est tant mieux.
Mes parents ont toujours été sportifs et depuis mon enfance, j’ai toujours fait du sport en leur compagnie. Je suis donc un passionné depuis tout petit. J’ai commencé par le foot, la natation, puis le judo, et la pelote basque…
Après l’obtention de mon Bac S en 2007, je rentre en 1ère année à la faculté de médecine de Bordeaux, et je découvre le rythme infernal… 10 à 12 h de travail quotidien, pas de vacances, et fini les sorties entre copains… Bref, je passe de 10 heures de sport par semaine à quasiment rien.
À cette sédentarité, s’ajoute quelques mauvaises habitudes alimentaires… et le résultat tombe : en 2 ans, +12 kg sur la balance… Mais voilà, je réussis mon concours. J’intègre ensuite l’école de kinésithérapie de Bordeaux. Désormais, j’ai davantage de temps libre, donc je me mets à la course à pied.
Mes débuts en course à pied
Au départ, c’était davantage pour m’aérer un peu, entre deux soirées, que pour le plaisir. Puis rapidement, la tendance s’est inversée à partir de Juin 2012, date d’obtention de mon diplôme de Kiné.
Cela a été un tournant pour moi. Une fois de retour dans mes terres natales, j’épingle mon premier dossard à la course des fêtes de mon village (10km en nature), c’est là que le goût de la compétition a fait surface !
Au final, je crois que ma vie était faite pour tourner autour du sport… Je ne savais pas encore lequel, mais je crois avoir trouvé celui qui me correspond.
Je suis plutôt un adepte des courtes distances, du 10 au 30 km maxi. Ce sont des formats qui me correspondent bien pour le moment. J’aime bien grimper dans les tours et sentir le cardio qui s’affole.
LPT : Tu n’es pas un simple kiné, on peut même dire que tu es un spécialiste de la course à pied ?
ML : Après l’obtention de mon diplôme de Kiné, je me suis intéressé de près à la kinésithérapie du sport, ainsi que toutes les formations autour de ce sujet.
J’ai également suivi une formation en nutrition et micro nutrition sportive, puis formé à la PNF thérapie. Ensuite, afin d’être le plus efficace dans ma pratique professionnelle et pour ma pratique personnelle, je me suis rapidement intéressé à la science entourant la performance et la course à pied.
Ce sont ces recherches qui m’ont mené vers La Clinique du Coureur (LCDC). J’ai effectué l’ensemble de leur cursus, jusqu’au statut d’expert en course à pied reconnu par LCDC.
À l’heure actuelle, je suis en fin de cursus d’un DU d’analyse, encadrement et optimisation de la performance en trail running.
Dès que j’ai du temps libre, j’en profite pour lire un maximum d’articles scientifiques en lien avec la course à pied, afin d’être à jour des dernières avancées.
J’ai une soif permanente de découverte. Je prends énormément de plaisir à apprendre, partager et transmettre. C’est peut-être ça qui fait ma force dans ma pratique professionnelle.
On pourrait dire que j’ai un rythme de vie bien ficelé, plein d’émotions et de partage. J’ai le cerveau en ébullition dixit ma compagne ! J’entends souvent « quand est-ce que tu t’arrêtes un peu? » Mais c’est comme ça que je vois la vie !
LPT : Ce qui est génial, c’est lorsque l’on vient chez toi. Tu fais un diagnostic complet avant de commencer, enfin moi j’y ai eu droit, tu le fais tout le temps ? Et pourquoi ?
ML : Rien ne vaut un examen personnalisé réalisé par un professionnel de la santé spécialisé en course à pied. C’est pourquoi avec mes patients coureurs, la première séance consiste en une séance bilan, qui dure environ 1h30.
Durant cette séance, nous allons réaliser un entretien oral dans un premier temps, afin d’établir le profil de notre patient coureur.
Dans en second temps procéder à un examen clinique, et enfin à une analyse biomécanique complète (analyse de la course, conseils sur le chaussage, conseils sur l’entrainement, etc).
Cela me permet d’avoir une évaluation complète de mon « patient coureur », et surtout de prendre le temps d’échanger avec lui. Ensuite j’envoie au coureur tout un récapitulatif de notre séance bilan par mail, avec vidéos d’exercices, conseils, etc…
LPT : Aujourd’hui ta formation te permet donc de préparer comme de « réparer » un coureur ?
ML : Oui en effet, d’ailleurs en ce qui concerne la préparation, j’encadre également des séances au sein d’un club de course en montagne. Cela me permet de travailler sur leur planification de l’entrainement, l’encadrement et leur suivi tout au long de l’année…
Au quotidien, dans ma pratique et celles de mes coureurs, j’applique le concept du « Courir Moins pour Courir Mieux » de mon ami Sébastien Cornette (coach, préparateur physique, formateur sportif et enseignant au sein de LCDC).
La course à pied plait énormément dans la simplicité de sa pratique…
Mais courir seulement ne suffit pas ! La préparation physique est primordiale en Trail running. Donc avant de courir, il faut penser à se renforcer, afin de courir mieux, en étant plus fort, pour être plus performant et ainsi diminuer les risques de blessures.
Ensuite la majeure partie des cas que je reçois en consultation, sont des coureurs blessés. L’origine de leurs blessures réside principalement dans le changement ou des erreurs d’entrainement. En bref, vous en avez trop fait ! (davantage de vitesse, de volume, de côtes, de pliométrie etc).
Les facteurs intrinsèques et extrinsèques influencent les blessures mais en moindre proportion.
Comment faire pour remédier à cela ?
C’est simple, il suffit d’écouter, de respecter votre corps, vos douleurs (qui sont de très bons signaux d’alarme!) et de planifier intelligemment vos entrainements entre votre vie professionnelle, familiale et sportive.
« Le corps s’adapte dans la mesure où le stress appliqué n’est pas plus grand que sa capacité d’adaptation ».
C’est la quantification du stress mécanique : le principe central de l’enseignement de LCDC, et le secret du traitement des blessures !
LPT : Quand je suis venu chez toi, j’ai appris plus en une séance, que depuis que je cours. Que penses-tu des coureurs aujourd’hui ? Est-on informé ou préparé comme il faut ?
ML : Le trail est une discipline spécifique. Il faut pouvoir assimiler progressivement la distance, la technicité et le dénivelé qui peut être très important sur une épreuve !
Sans oublier les éventuels problèmes digestifs, que l’on peut rencontrer sur des épreuves d’Ultra Trail. Il faut prendre conscience que cette pratique n’est pas sans risque pour notre santé.
Je pense qu’il existe un certain équilibre entre la souffrance et le bien être procuré par cette activité. C’est donc mon devoir en tant que professionnel de santé de le transmettre et de pouvoir le faire comprendre.
Les entraînements en trail
Côté entrainement, depuis bon nombre d’années, la méthodologie a surtout été basée sur le volume au niveau des charges d’entrainement, avec pour les meilleurs coureurs, un kilométrage très élevé ! (150 – 200km / semaine).
De nombreux coureurs adhèrent au dogme du volume en s’appuyant sur l’exemple de celui qui a réussi en ayant réalisé de gros volumes d’entraînement ! (notamment dans le cadre de préparation d’ultra trail par exemple)
La plupart des traileurs sont des athlètes récréatifs. Mais la grande majorité d’entre eux pensent qu’il faut s’entrainer comme le tout petit pourcentage que représentent les athlètes élites, car pour eux c’est la réussite !
La surenchère du long, l’addiction, et le surmenage à l’entrainement sont les dérives de cette discipline. C’est pourquoi nous devons mesurer nos limites. Il est donc nécessaire de planifier sa saison de manière raisonnée et raisonnable.
Nous devons prendre conscience de nos réelles capacités individuelles (physiques et mentales) dans notre programmation. Mais également des conditions dans lesquelles nous allons nous entrainer.
En effet, la fréquence des entrainements n’aura pas le même impact si vous êtes dans une période de fatigue. Cette fatigue peut être générée par un climat familial difficile, un contexte professionnel tendu, ou tout simplement par une augmentation des charges d’entrainement…
Une mauvaise gestion de cette fatigue peut ainsi vous conduire tout simplement vers un processus de blessures chroniques….
J’ajouterais une citation de Thomas Lorblanchet :
N’oublions pas que le Trail « n’est que le secondaire des choses principales », une pratique de loisir avant toute chose pour la plupart d’entre nous.
LPT : Quand on parle de performance on ne peut pas zapper les chaussures. Je voudrais que tu nous parles brièvement du problème du choix des chaussures, minimalisme, drop… Je pense que l’on est mal informé, la clinique du coureur a cassé les idées reçues.
ML : Ah la fameuse chaussure de course ! On y vient ! Rires
Tout d’abord, quelques petites précisions afin de décrypter le minimalisme et de mieux comprendre LA chaussure!
Au sein de la communauté du running et du trail running, nous avons observé un engouement nouveau pour le « minimalisme » suite à la publication du livre « Born to Run » en 2009 de Christopher McDougall…
D’ailleurs suite à ça, les ventes de la FIVEFINGERS ont explosé ! De nombreux scientifiques et certains coureurs ont donc été conquis par ce phénomène.
Sauf qu’il aura fallu attendre une étude de 2015, afin d’établir une véritable définition de la chaussure minimaliste. Par la même occasion, la création d’un outil de mesure « l’Indice Minimaliste » définissant le niveau de minimalisme d’une chaussure de course.
5 caractéristiques sont donc déterminantes pour l’ « indice minimaliste » :
- poids,
- épaisseur de la semelle,
- drop,
- notion de technologies intégrées (anti pronation, coque calcanéenne, etc),
- et flexibilité de la chaussure.
Donc quand on parle de minimalisme attention à ne pas faire de raccourcis sur « je cours en zéro drop donc je cours en minimaliste »… Pas forcément ! C’est l’ensemble de ces 5 critères qui détermineront ou plutôt quantifieront par un pourcentage, le niveau de minimalisme de la chaussure.
Plus le score est proche de 100%, plus la chaussure est dite « minimaliste ». A l’inverse plus le score est proche de 0%, plus la chaussure est dite « maximaliste ».
Vous trouverez plus d’infos sur le livre de Blaise Dubois de LCDC, intitulé « La santé par la course à pied ».
Il faut savoir qu’environ 90% des coureurs portent des « chaussures maximalistes » avec un indice minimaliste se situant aux alentours de 0 à 30%. Les coureurs en sont tellement devenus dépendants qu’ils ne peuvent plus s’en passer. A l’heure actuelle, il est difficile de porter une chaussure plus minimaliste, pour un coureur expérimenté.
Influence de la chaussure
De nombreuses études ont montré que les coureurs ont tendance à modifier leur technique de course et leur foulée, en fonction de ce qu’ils portent aux pieds. Les chaussures ont donc une forte influence sur la biomécanique de course.
Quand on parle de performance, on parle souvent d’améliorer l’économie de course par une meilleure efficacité biomécanique. Comme la chaussure est la principale influenceuse des biomécaniques de course… Vous comprenez donc le lien !
La chaussure se doit avant toute chose d’être la plus légère possible. On sait désormais que le poids des chaussures influe sur la consommation en oxygène. C’est donc un facteur de performance déterminant !
Attention, Les chaussures minimalistes auront une tendance à augmenter la charge sur la chaîne postérieure et sur le pied. Elles peuvent également engendrer des douleurs ou blessures si votre corps n’a pas suffisamment de temps pour s’y adapter ! C’est encore la quantification du stress mécanique et la progression qui sont importantes.
Il faut retenir un point essentiel : la chaussure ne fait pas tout !
D’autant plus que si la personne est satisfaite de ses performances actuelles, et qu’elle n’est pas blessée, alors pourquoi vouloir changer ? Sachant que tout changement peut amener à un potentiel risque de blessures. Au-delà des chaussures, il existe une multitude d’autres facteurs de la performance en trail running.
LPT : L’avenir tu le vois comment ? Des projets en vue ?
ML : La situation actuelle que nous vivons nous demande beaucoup d’adaptations, tant sur le plan professionnel que sur le plan personnel.
Je reste persuadé que dans toute mauvaise situation, on peut en tirer du positif…
Cette période de confinement aura eu de bons côtés, comme la reprise d’activités physiques chez des personnes sédentaires par exemple ! Je pense qu’il est important de rappeler et d’encourager la pratique d’une activité physique régulière, y compris celle de la course à pied.
En effet, les effets bénéfiques de cette dernière sur la santé sont énormes :
- diminution de l’obésité,
- diminution des maladies cardio-vasculaires,
- amélioration du sommeil etc…
La course à pied serait même un remède contre la routine, peut-être un des meilleurs antidépresseurs, et également un excellent régulateur de l’humeur.
De nombreux pratiquants définissent le sport comme un élément essentiel dans leur équilibre de vie. Je partage cette vision, voilà comment je vois l’avenir !
De mon côté, cette période de confinement m’aura permis de me recentrer et d’aboutir à un projet auquel j’ai toujours rêvé… Restez connectés d’ici les prochaines semaines pour en savoir plus! 🙂
LPT : Bon je n’aurais pas réussi à lui faire dévoiler ce fameux projet, enfin pas à lui faire écrire en tous les cas. Je dois garder le secret. Je peux seulement vous dire que cela sera une petite bombe. Je ne manquerai pas de vous en parler, quand tout sera ficelé et lancé.
Vous avez pu vous rendre compte que Marc connait son sujet. Des traileurs de gros niveau lui font confiance. Ce garçon est un exemple de modestie.
Il est toujours là pour ses patients que ce soit dans son cabinet, ou en visio, s’il ne peut se déplacer.
Au Pays Basque, nous avons la chance d’avoir une grosse communauté de traileurs. Beaucoup sont des acteurs majeurs. De nombreux projets voient alors le jour. On croise énormément de monde, et puis on rencontre des mecs en or comme Marc.