C’est lors d’un entraînement anodin, avec mon ami et partenaire de course que le projet de participer à la Saute Mouflon, un des trails de la 6666 l’Occitane a germé. Il nous fallait un trail en terrain ultra technique pour préparer l’objectif de l’année, fin août ; le GRP 2019 (GrandRaid des Pyrénées, 220 km et 13000 m de D+).
Le rendez-vous est pris avec Mathieu, ce vendredi 7 juin 2019 à 13 heures, à la sortie de mon travail (Savigny sur Orge), pour enchaîner 9 heures de voiture jusqu’à Roquebrun (près de Béziers), lieu de départ de la course.
L’arrivée, dans ce petit village, typique du massif du Caroux, se fait à la tombée de la nuit. Nous avons juste le temps de faire connaissance avec Sylvie notre hôte, qu’il faut déjà installer la tente et dîner. Le réveil est prévu à 3h30 le lendemain matin. Le départ de la course est programmé à 5h.
Après une nuit courte et chaotique, à cause de quelques glissements (le terrain où se situe la tente étant légèrement en pente) et ronflements ; il faut récupérer le dossard et prendre une petite collation (non comprise dans l’inscription). Les boulettes de Caroline (voir article sur le site) feront l’affaire.
Près de l’arche, environ 300 coureurs motivés écoutent le briefing d’Antoine Guillon, organisateur de la course. Il va faire chaud, 27°C attendus en milieu de journée. La musique annonciatrice d’un départ imminent réveille Roquebrun. Les participants de cette aventure se mettent en route dans la lueur des frontales.
Les 15 premiers kilomètres sont assez roulants, de quoi s’échauffer.
On profite du paysage. C’est l’occasion de réaliser quelques clichés, souvenirs d’un panorama qui dépayse totalement, entre garigue et roches granitiques. Les odeurs de thym, romarin et lavande sauvage nous plongent complètement dans l’ambiance.
3 h de course et les jambes vont bien.
Les difficultés commencent à partir du ravitaillement du Poujol sur Orb. Il fait chaud et il n’est que 9h du matin. Il faut penser à s’hydrater et remplir les gourdes à chaque pause. La journée va être longue.
La montée du Caroux s ’accomplit dans les genêts avec un enchaînement de sentiers monotrace où les cailloux peuvent s’avérer piégeur. Nous rencontrons alors un concurrent qui vient de se « refaire la cheville » et qui nous dit renoncer. Il préfère rebrousser chemin plutôt que d’affronter la prochaine descente de l’Esquino d’Aze. Je lui demande alors pourquoi et il m’annonce que je le découvrirais bien assez tôt.
En effet, la descente s’avère ultra technique ; cailloux, racines, dévers, singles et virages serrés … Chevilles « en mousse » s’abstenir. Nous franchissons même un passage (environ 20 m) sécurisé par des cordes.
Le franchissement d’une cascade nous permet de nous rafraîchir en mouillant la casquette et en s’aspergeant. L’organisation a bien fait le travail en sécurisant aussi cet endroit car le rocher est glissant. C’est à peine fini, qu’il faut relancer par une montée puis un enchaînement de bosses. Mathieu est un peu dans le dur. Cela nous coupe bien les jambes.
Les ravitaillements permettent de faire le plein d’énergie et de récupérer. J’aurais tant aimé déguster la pastèque promise. Comme quoi on s’attache à peu de chose, quand on est dans le « dur ». C’est reparti nous avançons toujours de concert mais au 50èmekilomètre, c’est le « coup de mou », la « panne sèche ». J’ai les oreilles qui se bouchent (sans doute la fatigue accumulée durant la semaine et la dette de sommeil accumulée, tout se paye). Mathieu essaie de me motiver. Il s’inquiète même de mon état. Il reste 4 km jusqu’au dernier ravitaillement et heureusement le terrain est plus facile. Je ne me soucie plus autant du paysage que d’avancer. Je m’accroche et au « mental » nous atteignons le ravitaillement.
Une pause, quelques verres de Coca et c’est reparti pour le final. Il reste 9 km de descente avec une petite bosse de 250 m de D+. Nous croisons alors les candidats d’une autre course. Un bénévole nous fait croire que ce sont les coureurs de la course phare, le « 120 km ». Les voyant avancer à vive allure, leurs encouragements nous donnent de l’entrain. Piqués au vif, de se voir dépasser par nombre de concurrents d’un trail plus long, en se disant que l’on peut en faire autant, nous accélérons. Les derniers kilomètres sont parcourus à 9 km/h de moyenne.
Nous les félicitons aussi de finir à une telle vitesse. Nous apprendrons à l’arrivée, qu’il s’agissait finalement des participants du trail de la factrice (26,8 km pour 971 m deD+).
Mathieu et moi franchissons l’arche d’arrivée sur le tapis rouge. Une photo, une médaille en bois et c’est fini.
Le plateau repas ne nous fait guère envie. Nous évoquons alors notre épopée de 70 km parcourue en 16 h autour d’une bière, d’un panaché et d’un sandwich saucisses de la buvette. Le vainqueur du grand raid, Cédric Chavet, mettra le même temps (15 h 53) que nous pour parcourir 121 km et 7700 m de D+.
Bravo!
Merci